Renault revoit la valorisation de sa participation dans Nissan, entraînant une perte nette colossale de 9,5 milliards d’euros au premier semestre 2025. Mais loin d’un effondrement, le constructeur français opère un choix comptable destiné à renforcer la transparence financière, en pleine transformation stratégique.
C’est une secousse d’apparence spectaculaire, mais avant tout technique. Renault a annoncé une perte nette de 9,5 milliards d’euros au titre du premier semestre 2025. La cause ? Un changement de méthode comptable concernant sa participation historique dans Nissan, son partenaire japonais. Une décision à forte portée symbolique, mais dont les implications financières doivent être lues avec nuance.
Jusqu’alors consolidée selon la méthode de mise en équivalence, cette participation est désormais traitée comme un actif financier mesuré à la juste valeur. En clair, le poids de Nissan dans les comptes de Renault dépendra désormais directement du cours de Bourse de l’entreprise japonaise. Cette évolution entraîne mécaniquement une dépréciation de valeur face à la récente baisse du titre Nissan, d’où la perte comptable affichée.
Mais le constructeur français se veut rassurant : aucun impact sur la trésorerie, ni sur le versement de dividendes. Il ne s’agit donc pas d’une perte d’exploitation, mais d’un ajustement de valorisation comptable. Ce repositionnement vise à neutraliser la volatilité des résultats de Nissan sur les performances affichées par Renault, et à renforcer la lisibilité financière auprès des actionnaires et analystes.
Cette décision survient dans un contexte de refondation stratégique. Le PDG Luca de Meo, sur le départ en juillet, pose ainsi une dernière pierre à l’édifice du redressement du groupe, avant le lancement du nouveau plan « Futurama ». Ce plan ambitionne de recentrer Renault sur ses propres performances, notamment en matière de bénéfice net par action, et de conquérir de nouveaux marchés hors d’Europe, en misant sur les mobilités électriques et partagées.
Sur les marchés, la réaction reste mesurée. Le titre Renault perdait 1,3 % à l’ouverture, autour de 38,61 €, mais les analystes saluent une clarification bienvenue dans une structure financière historiquement brouillée par la complexité de l’alliance avec Nissan.
Ce recentrage comptable n’enterre pas la coopération industrielle entre les deux groupes. Au contraire, Nissan produira la future Micra sur une base technique signée Renault, en l’occurrence la nouvelle Renault 5 électrique. Le lien industriel reste donc fort, mais l’empreinte financière est allégée, un pas important dans une dynamique de transformation de gouvernance initiée depuis plusieurs années.
En choisissant de s’aligner sur les standards internationaux de valorisation financière, Renault envoie un signal clair : le groupe entend reprendre le contrôle de son image boursière, et se rendre plus lisible à l’heure des choix stratégiques cruciaux. Dans une industrie automobile en pleine mutation technologique, la transparence devient un atout économique et politique.
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