En affichant une posture de fermeté absolue contre le Hamas et l’Iran, le secrétaire d’État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu renforcent une alliance stratégique qui pourrait redéfinir la géopolitique régionale. Mais cette escalade verbale et politique risque surtout d’attiser les tensions et d’entraîner une spirale de violence aux conséquences imprévisibles.



Dans une mise en scène soigneusement orchestrée à Jérusalem, Marco Rubio et Benjamin Netanyahu ont adopté un ton martial, promettant d’« ouvrir les portes de l’enfer » au Hamas et de « finir le travail » contre l’Iran. Cette déclaration intervient alors qu’un fragile cessez-le-feu est en place à Gaza après plus de quinze mois de guerre, et qu’un nouvel échange de prisonniers vient d’être conclu sous médiation américaine, qatarie et égyptienne. Pourtant, loin d’encourager la désescalade, Washington et Tel-Aviv semblent prêts à intensifier leur offensive, quitte à provoquer une nouvelle explosion de violence dans la région.

Les propos de Rubio ne laissent place à aucune ambiguïté : le Hamas ne peut plus exister en tant que force militaire ou gouvernementale. Netanyahu, de son côté, fait de la libération des otages israéliens une condition non négociable, menaçant de frapper encore plus durement l’enclave palestinienne si ses exigences ne sont pas satisfaites. Ces déclarations incendiaires surviennent alors que Donald Trump, fidèle à son style provocateur, a évoqué un plan controversé visant à redessiner l’avenir de Gaza.

Le président américain a en effet suggéré un déplacement massif des Gazaouis vers la Jordanie ou l’Égypte, une proposition qui a immédiatement suscité l’indignation de la communauté internationale. Son ambition de transformer Gaza en une « Riviera du Moyen-Orient » apparaît totalement déconnectée de la réalité du terrain, où les souffrances humaines et les destructions massives rendent toute reconstruction immédiate illusoire.

Derrière ces discours musclés, une question cruciale se pose : les États-Unis et Israël se dirigent-ils vers une confrontation directe avec l’Iran ? L’axe Washington-Tel-Aviv cherche depuis longtemps à contenir l’influence de Téhéran, et une escalade militaire pourrait déclencher une réaction en chaîne impliquant des acteurs régionaux comme le Hezbollah au Liban ou les Houthis au Yémen.

Si cette nouvelle posture américaine se veut une démonstration de force, elle pourrait surtout s’avérer être une poudrière. En s’engageant dans une rhétorique belliqueuse, Rubio et Netanyahu prennent un risque considérable : celui de voir le Moyen-Orient s’enfoncer dans un chaos encore plus profond, où chaque action militaire ne ferait qu’alimenter un cycle de représailles sans fin.

Source: AFP