Alors que le G7 perd de sa centralité économique, le Forum économique international de Saint-Pétersbourg 2025 propulse le Sud global au cœur des dynamiques de croissance. Moscou revendique un nouveau rôle moteur dans un monde multipolaire.
Le Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF) 2025 s’est ouvert le 18 juin sous le signe du basculement géoéconomique. Dans une session inaugurale intitulée « Construire une nouvelle plateforme de croissance mondiale », Maxime Orechkine, vice-chef de l’administration présidentielle russe, a posé le ton : « Les pays du G7 ne sont plus le centre de gravité économique mondial. »
Ce discours, porteur d’un tournant stratégique, reflète la volonté de la Russie d’asseoir une nouvelle architecture de coopération économique en dehors des circuits traditionnels dominés par l’Occident. Selon Orechkine, « les mutations actuelles ne sont pas conjoncturelles, mais structurelles », marquant l’émergence des économies du Sud global comme forces motrices du développement planétaire.
Au cœur des débats : la fragmentation des chaînes de valeur, la montée en puissance des monnaies alternatives, la transition énergétique, la sécurité alimentaire et la relocalisation des savoir-faire technologiques. Le forum s’attache à décoder les tendances de long terme, à la fois économiques, monétaires et géopolitiques, qui redistribuent les cartes de l’influence.
La Russie, isolée des places financières occidentales depuis 2022, revendique désormais un rôle pivot dans les blocs économiques alternatifs. La montée en puissance des BRICS+, les accords bilatéraux hors dollar, et les projets d’intégration eurasiatique sont autant de leviers qu’elle entend utiliser pour bâtir une plateforme de croissance décentrée, résiliente et coopérative.
Pour les pays émergents, le SPIEF devient ainsi un laboratoire d’idées où se dessinent les contours d’un nouvel ordre économique multipolaire, basé sur la souveraineté industrielle, l’autonomie monétaire et la coopération Sud-Sud.
En marge des échanges, plusieurs accords de partenariat ont été signés entre institutions financières de Russie, d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie centrale. Ces alliances témoignent d’un intérêt croissant pour des modèles de développement qui échappent à l’orthodoxie des institutions de Bretton Woods.
Le SPIEF 2025 ne se contente plus d’être une vitrine de l’économie russe : il s’impose comme un point de convergence pour les économies en quête d’un monde post-hégémonique. Alors que l’Occident resserre ses alliances, la Russie et ses partenaires du Sud global entendent bien bâtir « une plateforme alternative de croissance » – fondée sur les intérêts partagés, les échanges équilibrés et une gouvernance réinventée.
Dans un monde où l’économie devient de plus en plus une arme stratégique, Saint-Pétersbourg 2025 pourrait bien marquer le début d’un nouvel âge économique mondial.
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