En pleine crise humanitaire, économique et politique, les membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) s'accordent des rémunérations et avantages extravagants aux frais du Trésor Public haïtien. Cette injustice flagrante choque l’opinion publique et expose l’énorme fossé entre les élites politiques et la population appauvrie.
Alors que des millions d'Haïtiens luttent quotidiennement pour survivre, les dirigeants censés incarner l’espoir d’une Transition démocratique multiplient les privilèges. Le Décret du 23 mai 2024, publié dans Le Moniteur le 27 mai, dévoile une vérité dérangeante : chaque membre du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) se voit attribuer un salaire de 225 000 gourdes, auquel s’ajoutent des frais de fonctionnement : un 1/3 du salaire soit 75,000 gourdes, frais pour conjoint : 500,000 gourdes , service d'intelligence : 4,500,000 gourdes, de téléphonie: 450, 000 gourdes, de carburant : 300,000 gourdes , carte de débit : 2, 500, 000 gourdes, de nourriture : 925,000 gourdes , de logement secondaire : 400,000 gourdes et même des fonds pour remplir leur réfrigérateur à 75,000 gourdes. Résultat : plus de 10 millions de gourdes par mois et par conseiller.
Et ce n’est pas tout : à cette somme s’ajoutent 3,5 millions de gourdes par mois pour couvrir leurs petits-déjeuners et déjeuners. Une insulte criante à la souffrance d'un peuple pour qui un repas quotidien est devenu un luxe.
Le Décret avait pourtant annoncé la fin des « privilèges injustifiés » et la rationalisation des dépenses publiques. De belles promesses, balayées par l’appétit vorace d’une nouvelle caste dirigeante. Pire encore, sous couvert de moralisation, les conjoints et familles des membres du CPT sont interdits de gérer des fonds publics... mais aucune mesure sérieuse n’empêche l’indécence de ces rémunérations.
La Transition se voulait être le début d'une ère de transparence et de bonne gouvernance. Ce qui se dessine aujourd'hui, c'est plutôt la continuité du cynisme politique, où les appels à la rigueur ne servent que d'écran de fumée pour masquer l’enrichissement éhonté de quelques-uns.
Dans un pays en ruines, où l'insécurité alimentaire, l'effondrement du système de santé et la pénurie de services essentiels ravagent des millions de vies, cette gabegie est une honte nationale. Une insulte aux familles déplacées par la violence, aux enfants privés d'école, aux malades privés de soins.
Le Conseil Présidentiel de Transition, censé restaurer la confiance, s'enfonce dans le discrédit. Chaque gourde dilapidée dans ces privilèges scandaleux est un vol fait au peuple haïtien.
À ceux qui, au sein du CPT, voudraient encore parler de changement, la réponse du peuple est claire : la dignité ne se mesure pas en millions de gourdes engloutis dans le luxe. La vraie Transition commence par l’exemplarité, pas par la prédation.
Laisser un commentaire