Pensé comme un outil pour protéger les victimes de crimes sans papiers aux États-Unis, le programme du visa U est aujourd’hui au cœur d’une crise de confiance. L’agence fédérale USCIS tire la sonnette d’alarme face à une « corruption généralisée » et une « gestion catastrophique » de ce dispositif humanitaire.
C’est une déclaration incendiaire qui a été publiée sur le compte X officiel de l’USCIS (U.S. Citizenship and Immigration Services). Dans un message signé par son porte-parole, Matthew J. Tragesser, l’agence accuse de graves abus dans le programme du visa U, destiné à protéger les migrants sans papiers victimes de crimes sur le sol américain.
Ce programme, instauré pour encourager la coopération des victimes avec les forces de l’ordre, est désormais décrit comme un système détourné massivement. L’USCIS affirme que des fraudeurs, des avocats peu scrupuleux, et même des policiers corrompus, exploiteraient le programme à des fins malhonnêtes.
Parmi les pratiques dénoncées figurent :
- La mise en scène de faux crimes dans le but d’obtenir les certificats requis pour les demandes de visa U.
- La validation automatique (« rubber stamping ») par certaines agences locales de police, sans enquête rigoureuse.
- Des demandes sans fondement juridique réel, visant uniquement à retarder l’expulsion et obtenir une autorisation de travail temporaire.
L’agence souligne aussi la montée vertigineuse du nombre de dossiers en attente. Avec une hausse de 2 013 % des cas en suspens depuis 2009, et un plafond légal de seulement 10 000 visas par an, le stock de demandes dépasserait aujourd’hui 266 000 pétitions principales, soit plus de 20 années de traitement, même si toutes les nouvelles demandes cessaient aujourd’hui.
Face à ce constat, les autorités ont décidé de resserrer la vis. L’USCIS, soutenu par l’administration Biden et le département de la Sécurité intérieure, annonce avoir levé les restrictions internes pour permettre à ses agents de poursuivre activement les fraudeurs. « Cette première série de poursuites judiciaires n’est que la partie visible de l’iceberg », avertit Tragesser.
Le visa U, créé avec une intention louable, se retrouve donc dans une zone grise judiciaire et politique, entre protection des droits humains et intégrité des lois migratoires. Une réforme du programme semble inévitable. Dans l’intervalle, les débats s’intensifient sur les réseaux sociaux et dans les cercles juridiques, certains dénonçant un discours stigmatisant à l’égard des migrants, d’autres réclamant un nettoyage en profondeur du dispositif.
Le site officiel de l’agence, uscis.gov, propose un point complet sur la situation et invite les citoyens à signaler toute tentative de fraude en lien avec le visa U. Le message est clair : l’ère de l’impunité est terminée.
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