Sous la menace de droits de douane record à 39 %, la Suisse entre en négociation d’urgence avec Washington. Une délégation de haut niveau, emmenée par la présidente de la Confédération, tente d’éviter un choc commercial aux répercussions majeures pour l’horlogerie, la pharma et l’agroalimentaire.
Le compte à rebours est lancé. À moins d’un miracle diplomatique, les exportateurs suisses devront bientôt faire face à des droits de douane de 39 % sur le marché américain, une mesure-choc annoncée par l’administration Trump dans le cadre de sa nouvelle doctrine tarifaire. C’est le taux le plus élevé imposé à un pays européen — un coup dur pour la Confédération, dont les exportations vers les États-Unis dépassent les 50 milliards de francs par an.
Face à cette crise sans précédent, la présidente Karin Keller-Sutter et le vice-président Guy Parmelin ont pris l’avion ce mardi pour Washington, accompagnés de Helene Budliger Artieda (secrétaire d’État à l’économie) et Daniela Stoffel (secrétaire d’État aux questions financières internationales). Leur mission : présenter une offre tarifaire plus attrayante afin de convaincre la Maison-Blanche de revoir sa copie.
Car les conséquences d’un tel choc commercial seraient lourdes. L’industrie horlogère, pilier de l’économie suisse, est en première ligne. Dans l’Arc jurassien, on craint déjà des fermetures d’ateliers et des pertes d’emplois. Les exportateurs de gruyère et d’emmental, eux, redoutent de voir leurs produits devenir inabordables pour les consommateurs américains. La pharma, autre fleuron helvétique, pourrait voir ses marges fondre dans un marché pourtant stratégique.
Même les grandes figures du capitalisme suisse sortent du silence. Nick Hayek, patron du géant Swatch, a appelé à une négociation directe : « Ce n’est pas depuis un bureau qu’on règle une crise tarifaire. Il faut aller sur place, parler, négocier. »
Berne joue donc une carte cruciale. Le Conseil fédéral, réuni en urgence, se dit déterminé à éviter le pire. Mais les marges de manœuvre sont minces : Donald Trump campe sur une ligne dure, multipliant les surtaxes tous azimuts pour rééquilibrer la balance commerciale américaine, en pleine campagne électorale.
Un échec de la délégation suisse ne serait pas qu’un revers économique. Il fragiliserait la réputation de la Suisse comme partenaire commercial fiable, au moment où le pays cherche à diversifier ses accords et à renforcer sa diplomatie économique. Il poserait aussi la question d’une riposte coordonnée avec l’Union européenne, également touchée mais dans une moindre mesure (15 % en moyenne).
L’économie suisse a toujours misé sur la stabilité, la précision… et la discrétion. Cette fois, c’est dans l’arène politique mondiale qu’elle devra faire entendre sa voix. Car ce sont des milliers d’emplois et des décennies de relations commerciales de confiance qui se jouent en coulisses — dans les salons de Washington, à quelques encablures de la Maison-Blanche.
source: TV5 MONDE
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