Une proposition de loi bipartisane entend offrir un statut temporaire de 7 ans aux immigrés sans papiers vivant aux États-Unis depuis plus de 5 ans, sous réserve de conditions strictes.



Une lueur d’espoir dans le tumulte du débat migratoire américain : la représentante républicaine de Floride, Maria Elvira Salazar, en collaboration avec sa collègue démocrate du Texas, Veronica Escobar, a réintroduit au Congrès une proposition de loi ambitieuse baptisée "The Dignity Act". Ce texte, déjà évoqué en 2023, vise à offrir un statut juridique temporaire – appelé « statut de dignité » – à des millions de migrants sans papiers, tout en instaurant un cadre strict de responsabilité financière et civique.

Selon les détails rendus publics, les bénéficiaires potentiels devront résider aux États-Unis depuis plus de cinq ans, n’avoir aucun antécédent criminel, et être activement engagés dans la vie économique du pays. Autrement dit, travailler légalement et payer des impôts. En contrepartie, un permis de séjour temporaire de 7 ans leur serait accordé, sans garantie automatique de citoyenneté.

L’une des particularités de cette initiative réside dans le paiement obligatoire d’une amende totalisant 7 000 dollars, à verser progressivement sur les sept années du programme. De plus, les migrants concernés devront souscrire eux-mêmes à une assurance maladie, sans bénéficier d’aucune aide financière fédérale. L’objectif : démontrer leur indépendance économique et leur engagement envers la société américaine.

« Ce n’est pas une amnistie », insiste Maria Elvira Salazar. « C’est un programme de mérite, pour ceux qui travaillent dur, respectent la loi, et souhaitent contribuer activement à l’avenir du pays. »

Dans un contexte marqué par des tensions croissantes autour de la politique migratoire, notamment avec les récentes vagues de déportations accélérées par l’administration Trump, "The Dignity Act" se veut un compromis pragmatique. Il ne s’agit pas d’une voie directe vers la citoyenneté, mais d’un cadre légal structuré permettant à certains immigrés en situation irrégulière de sortir de l’ombre, tout en respectant les règles strictes imposées par le texte.

La proposition vise aussi à soulager un système d'immigration "dysfonctionnel", selon les mots mêmes des deux élues à l'origine du projet, et à freiner les abus sans recourir à des mesures punitives de masse.

Ce projet de loi intervient à un moment charnière. Tandis que l’administration Trump redouble d’efforts pour durcir les contrôles aux frontières et augmenter les expulsions, une partie du Congrès cherche à poser les bases d’une réforme migratoire équilibrée et humaine, capable de réconcilier ordre et dignité.

Pour de nombreux observateurs, le succès du “Dignity Act” dépendra de la capacité des deux camps à dépasser les clivages partisans. Son adoption marquerait un tournant majeur dans la politique migratoire américaine, en offrant une forme de reconnaissance – bien que limitée – à ceux qui, depuis des années, vivent, travaillent, et bâtissent leur avenir sur le sol américain.