Après une courte suspension, l'administration Trump confirme la reprise des descentes de l’ICE dans les hôtels, fermes et restaurants, ciblant en priorité les migrants sans papiers ayant un casier judiciaire. Cette relance des opérations de grande envergure illustre le durcissement des politiques migratoires, malgré les tensions économiques et les alertes de l’industrie agricole et hôtelière.



L’administration Trump poursuit sa politique de fermeté sur l’immigration avec une intensification annoncée des opérations de l’ICE (Immigration and Customs Enforcement) sur les lieux de travail, notamment dans les secteurs agricole et hôtelier. Ce revirement intervient quelques jours seulement après une suspension temporaire évoquée par la Maison-Blanche, face aux critiques émanant de l’industrie agroalimentaire et du secteur du tourisme.

« Le message est désormais clair : nous poursuivrons les opérations d’application de la loi sur les sites de travail, y compris dans les fermes et les hôtels, mais en donnant la priorité aux criminels », a déclaré Tom Homan, lors d’une intervention relayée par plusieurs médias américains. Il a précisé que ces descentes s’inscrivaient dans des enquêtes liées à des crimes tels que le travail forcé, la traite humaine, la fraude fiscale ou encore le blanchiment d’argent.

Cette position tranche avec la déclaration initiale du président Trump qui, sur fond de pression économique, avait suggéré une exemption pour ces secteurs essentiels. Toutefois, dans un revirement spectaculaire publié sur son compte Truth Social, il a appelé dimanche à lancer le « plus vaste programme de déportation de masse de l’histoire américaine », en ciblant en priorité les grandes villes gouvernées par les démocrates.

Dès mardi, la promesse était mise en œuvre : des agents de l’ICE ont mené une vaste opération à Delta Downs, une piste de course en Louisiane, où près de 100 travailleurs étrangers sans-papiers ont été interpellés, tandis que certains tentaient de fuir alors que des drones surveillaient les lieux.

Selon les données du Guardian, les travailleurs sans papiers représentent 4,6 % de la main-d’œuvre américaine, soit plus de 7 millions de personnes, concentrées dans des secteurs tels que l’agriculture, l’hôtellerie et la construction. Cette instabilité politique, marquée par des décisions contradictoires, alimente les tensions dans les milieux économiques, où l’on redoute de lourdes perturbations, notamment dans l’approvisionnement alimentaire.

Deux camps semblent s’opposer au sein du mouvement pro-Trump : d’un côté, Stephen Miller, stratège de la politique migratoire dure, refuse toute exception sectorielle ; de l’autre, Brooke Rollins, secrétaire à l’agriculture, alerte sur les conséquences potentiellement désastreuses d’un exode forcé de la main-d’œuvre dans les campagnes. « Cela nous a pris des décennies pour en arriver là, et nous devons organiser les déportations de manière à éviter un effondrement de notre chaîne alimentaire », a-t-elle plaidé.

Alors que la Maison-Blanche tente de conjuguer répression migratoire et stabilité économique, les migrants, eux, se retrouvent une nouvelle fois en première ligne, pris au piège entre décisions politiques contradictoires et menaces de détention ou d’expulsion immédiate.