Les États-Unis et la Chine annoncent une suspension temporaire de leurs surtaxes douanières, amorçant une période critique de négociation. Les marchés saluent cette désescalade, mais les incertitudes persistent.



La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine entre dans une nouvelle phase. Ce 14 mai, les deux géants économiques ont décidé d’instaurer une trêve tarifaire de 90 jours, suspendant provisoirement les droits de douane punitifs qui ont empoisonné leurs échanges bilatéraux depuis 2018. Washington a annoncé une réduction de ses taxes sur les produits chinois de 145 % à 30 %, tandis que Pékin abaissera ses propres surtaxes à 10 %. Une initiative conjointe inédite qui reflète, malgré les tensions, la volonté d’éviter une rupture systémique du commerce mondial.

Cette suspension, qualifiée de "fenêtre stratégique" par Jamieson Greer, représentant américain au commerce, vise à relancer un dialogue constructif, sous la supervision des délégations respectives. Du côté chinois, le vice-Premier ministre He Lifeng s’est félicité de cette avancée, tout en soulignant que "les différends structurels restent entiers".

Sur les marchés, la réaction ne s’est pas fait attendre. Le dollar s’est renforcé de 1,5 % face au yen et de 1,1 % face à l’euro, tandis que l’indice Hang Seng a bondi de 3,34 %, tiré par les valeurs exportatrices et technologiques. Le pétrole a également rebondi de 3 %, les investisseurs pariant sur un redémarrage partiel des flux logistiques entre les deux blocs.

Cette détente commerciale, saluée par la directrice de l’OMC Ngozi Okonjo-Iweala, survient dans un climat diplomatique tendu. Depuis le retour de Donald Trump sur le devant de la scène, la politique commerciale américaine s’est durcie, avec des hausses tarifaires record visant les importations stratégiques. La Chine, de son côté, cherche à stabiliser son économie tout en consolidant ses liens avec d'autres partenaires comme l’ASEAN ou les BRICS.

Mais cette trêve n’est peut-être qu’un répit. De nombreux analystes s’interrogent : s’agit-il d’un pas vers un accord commercial durable ou simplement d’un sursis avant une reprise des hostilités ? La réponse dépendra autant des négociations techniques que des calculs politiques de part et d’autre. Une chose est sûre : le commerce international reste en équilibre instable, suspendu aux décisions de Washington et Pékin.