Une cour d’appel fédérale américaine a temporairement autorisé Donald Trump à maintenir le déploiement de la Garde nationale en Californie, en dépit d’un recours du gouverneur démocrate Gavin Newsom, qui accuse l’ex-président d’avoir enfreint la loi et bafoué la souveraineté de l’État.



WASHINGTON – L’affrontement entre Donald Trump et la Californie connaît un nouveau tournant judiciaire. La Cour d’appel fédérale du 9e circuit, basée à San Francisco, a décidé jeudi de prolonger la suspension d’une décision de première instance, autorisant temporairement l’ancien président à garder le contrôle de la Garde nationale californienne, mobilisée dans le cadre de manifestations tendues à Los Angeles.

Cette décision fait suite à une plainte déposée par le gouverneur Gavin Newsom après que Donald Trump a ordonné, le 7 juin, le déploiement de 4 000 soldats de la Garde nationale et de 700 Marines dans la ville de Los Angeles, en réponse aux protestations contre ses politiques migratoires. Newsom avait alors dénoncé une action "illégale et arbitraire", estimant que les conditions prévues par la loi fédérale pour qu’un président prenne le contrôle des troupes d’un État n’étaient pas réunies.

Le juge Charles Breyer avait donné raison au gouverneur dans un jugement du 12 juin, estimant que Trump avait violé les procédures de coordination avec l'État et que la situation à Los Angeles n'était pas assimilable à une rébellion ou à un danger imminent, comme l'exige la législation. Il avait alors ordonné le retour du commandement de la Garde nationale au gouverneur. Mais quelques heures plus tard, la cour d’appel a gelé cette décision, ouvrant un nouveau chapitre dans ce bras de fer institutionnel.

La gouvernance militaire sur le territoire américain, notamment en cas de troubles civils, demeure une question juridique et politique sensible, exacerbée par la polarisation croissante entre la Maison-Blanche républicaine et les États démocrates. Le ministère de la Justice soutient que lorsqu’un président déclare une urgence justifiant la mobilisation fédérale, cette décision n’est pas sujette à révision par les tribunaux ou les gouverneurs.

Mais pour la Californie, la situation est claire : le recours à la force militaire contre des manifestants civils viole la souveraineté de l’État et les lois interdisant l’implication des troupes fédérales dans le maintien de l’ordre. L’État argue que les forces locales étaient capables de gérer les violences sporadiques enregistrées lors des manifestations, sans l’intervention de l’armée.

À l’heure actuelle, la légalité du déploiement des Marines n’a pas encore été tranchée, mais la polémique soulève de profondes inquiétudes sur l’usage de la force militaire sur le sol américain, particulièrement en période électorale. Si Trump continue d’affirmer que les troupes ne font que protéger les infrastructures fédérales, ses opposants dénoncent une dérive autoritaire et une instrumentalisation de l’armée à des fins politiques.

Le débat sur le rôle du président dans la mobilisation de la Garde nationale, sur fond de tensions politiques et de lutte pour le pouvoir fédéral, promet d’agiter encore longtemps la scène politique américaine, alors que les élections de 2026 approchent et que les enjeux de sécurité intérieure restent au cœur des préoccupations des électeurs.