En juillet, les droits de douane imposés par Donald Trump ont rapporté 27,7 milliards de dollars aux caisses du Trésor américain, un niveau jamais atteint. Derrière cette performance fiscale présentée comme un “succès exceptionnel” par le président, se cache toutefois une équation complexe aux répercussions économiques, commerciales et financières mondiales.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Après 22,2 milliards de dollars en mai et 26,6 milliards en juin, les recettes douanières américaines ont franchi en juillet un nouveau cap, atteignant 27,7 milliards de dollars. C’est plus de trois fois le montant collecté un an plus tôt, preuve de l’ampleur de la politique protectionniste mise en place par Donald Trump. Depuis le début de l’exercice fiscal, l’État fédéral a déjà engrangé 135,7 milliards de dollars via les tarifs, une manne qui nourrit autant l’enthousiasme que les inquiétudes.
Sur Truth Social, le président n’a pas hésité à s’auto-féliciter : « Un succès incroyable pour notre pays, pour notre Bourse, pour notre richesse générale et à peu près tout le reste. » Le message est clair : Trump fait des droits de douane un pilier de son récit économique, en les présentant comme une source directe de prospérité nationale.
Mais derrière ce discours triomphal se cache une réalité plus nuancée. Les recettes douanières, aussi spectaculaires soient-elles, représentent moins de 10 % des 338 milliards de dollars de recettes fédérales du mois. Leur progression résulte principalement de l’élargissement des tarifs à un nombre croissant de produits importés, particulièrement en provenance de Chine, et de la logique commerciale transactionnelle revendiquée par Washington.
Les économistes rappellent que ces rentrées fiscales ne tombent pas du ciel : elles proviennent en grande partie des entreprises et consommateurs américains, qui paient plus cher les biens importés. Le risque est double : une inflation importée qui alimente la hausse des prix à la consommation et une fragilisation des chaînes d’approvisionnement mondiales.
Sur les marchés financiers, les investisseurs observent avec attention cette montée en puissance protectionniste. Si Wall Street profite à court terme de la liquidité injectée par ces recettes supplémentaires, les perspectives de croissance pourraient être affectées si la guerre commerciale s’intensifie. Le dollar reste ferme, soutenu par des flux entrants, tandis que l’or et le pétrole réagissent davantage à la perception des tensions internationales qu’à la seule politique tarifaire.
Ce record de 27,7 milliards de dollars pose une question centrale : les droits de douane peuvent-ils constituer une stratégie fiscale durable, ou s’agit-il d’un outil conjoncturel, voué à générer autant de tensions que de revenus ? Les prochains mois seront décisifs pour savoir si cette politique alimente réellement la puissance économique américaine ou si elle prépare un choc commercial d’ampleur mondiale.
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