Le président Donald Trump a ordonné jeudi dernier un ralentissement stratégique des opérations de l’ICE dans certaines industries clés, selon un courriel interne consulté par le New York Times.
D’après trois responsables américains informés du dossier, cette directive confidentielle a été transmise le 12 juin aux chefs d’équipes d’enquête de l’agence fédérale d’immigration. Le message, signé par la Maison-Blanche, demande à « suspendre jusqu’à nouvel ordre » les opérations de terrain menées par les agents de l’ICE dans les zones agricoles, les usines de transformation de poisson et de viande, ainsi que les restaurants et hôtels.
Cette décision survient alors que la campagne de déportation massive voulue par l’administration Trump suscite des remous croissants dans les milieux économiques. Plusieurs leaders de l’agroalimentaire et du secteur hôtelier, traditionnellement proches du Parti républicain, ont fait part de leur inquiétude quant à l’impact de ces opérations sur la disponibilité de la main-d'œuvre.
Selon le New York Times, l’administration reconnaît désormais que les arrestations massives dans les zones rurales et touristiques pourraient désorganiser la chaîne de production alimentaire, menacer la reprise économique post-pandémie, et nuire à la stabilité des électeurs-clés dans certains États conservateurs.
« Il y a de bons travailleurs qui sont là depuis longtemps. Ces gens disparaissent des exploitations agricoles et des cuisines, parce qu’ils ont peur », aurait confié un cadre de l’industrie hôtelière, relayé par un responsable sous couvert d’anonymat.
Ce rétropédalage tactique ne signifie pas un assouplissement général de la politique migratoire de Trump, mais plutôt une gestion plus ciblée et pragmatique des priorités d’expulsion. L’objectif affiché reste l’arrestation des criminels en situation irrégulière, mais désormais en évitant de perturber les secteurs économiques vitaux.
Sur le plan politique, cette pause sélective illustre les tensions internes au sein même du camp républicain, partagé entre la ligne dure anti-immigration et la défense des intérêts des grandes entreprises agricoles et hôtelières.
Pour les syndicats et les ONG de défense des travailleurs immigrés, cette décision confirme que la répression migratoire actuelle n’est pas seulement motivée par des impératifs sécuritaires, mais aussi par des considérations électorales et économiques.
Alors que les élections de mi-mandat de 2026 se profilent, l’administration Trump semble ajuster sa stratégie en coulisses, consciente des conséquences humaines et économiques de ses choix politiques. Une manœuvre qui ne manquera pas de raviver les débats sur la légitimité et la portée des opérations de l’ICE dans un pays où des millions de travailleurs sans papiers restent essentiels à l’économie.
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