Donald Trump suspend temporairement les droits de douane de 25 % sur les importations canadiennes et mexicaines, conditionnant ce sursis à un durcissement de la lutte contre le trafic de fentanyl. Entre soulagement économique et incertitude politique, les marchés restent prudents.
Coup de théâtre à Washington : alors que les relations commerciales entre les États-Unis, le Canada et le Mexique semblaient entrer dans une spirale conflictuelle, Donald Trump a annoncé un report d’un mois de l’imposition de nouveaux droits de douane de 25 %. Ce revirement soudain fait suite à un appel avec la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum, qui a su convaincre l’administration américaine d’accorder un sursis en échange d’un engagement sécuritaire majeur.
Le Mexique, sous pression, a accepté de déployer 10 000 soldats de la Garde nationale à sa frontière nord pour lutter contre le trafic de fentanyl, un fléau qui alimente la crise des opioïdes aux États-Unis. En officialisant cette décision sur les réseaux sociaux, Trump a une nouvelle fois mêlé commerce et sécurité nationale, illustrant sa stratégie imprévisible qui oscille entre menace économique et diplomatie transactionnelle.
Ce report temporaire apporte un soulagement relatif aux entreprises nord-américaines, notamment dans les secteurs de l’automobile, de l’agroalimentaire et de la logistique, où les échanges transfrontaliers sont vitaux. Les marchés financiers, surpris par cette volte-face, ont réagi avec prudence. Si certains observateurs saluent une trêve bienvenue, d’autres s’inquiètent de l’instabilité chronique que cette politique tarifaire inflige à l’économie.
Ed Al-Hussainy, analyste chez Columbia Threadneedle, a exprimé son scepticisme face à ce retournement soudain : « La vérité honnête est que je n’en ai aucune idée et que je suis jaloux de tous ceux qui en ont. Je suis juste content que nous n’ayons pas fait d’échanges. » Son commentaire illustre bien l’incertitude persistante qui entoure la diplomatie économique de l’administration Trump.
Les prochains jours seront décisifs. Scott Bessent, secrétaire au Trésor, Howard Lutnick, secrétaire au Commerce, et Marco Rubio, secrétaire d’État, ont été mandatés pour mener des négociations intensifiées avec leurs homologues mexicains et canadiens. Au menu des discussions : les conditions d’un éventuel accord durable qui permettrait d’éviter une nouvelle flambée protectionniste.
Ce sursis d’un mois suffira-t-il à désamorcer la crise commerciale ? Rien n’est moins sûr. L’imprévisibilité des décisions de Trump continue de peser sur la confiance des investisseurs, et la menace d’une reprise des hostilités demeure omniprésente. Une chose est certaine : le commerce nord-américain marche désormais sur un fil, suspendu aux décisions d’un président qui manie la menace tarifaire comme une arme de négociation politique.
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