Donald Trump frappe un grand coup sur la scène économique internationale. Sans accords commerciaux bilatéraux signés, les exportateurs vers les États-Unis devront affronter, dès le 1er août, une nouvelle vague de droits de douane pouvant atteindre 70 %. Ce retour assumé au protectionnisme marque un tournant décisif dans les relations commerciales mondiales et pourrait reconfigurer les équilibres économiques et géopolitiques.
À moins d’un mois de l’échéance qu’il s’était lui-même fixée, le président Donald Trump a officialisé ce lundi 27 juin ce qui s’annonce comme l’un des plus vastes durcissements tarifaires de l’histoire récente des États-Unis. S’il n’obtient pas d’accords commerciaux jugés équitables, des tarifs douaniers allant de 10 à 70 % seront appliqués dès le 1er août à tous les pays exportant vers les États-Unis.
Ce que Trump qualifie de "droits réciproques" vise à compenser ce qu’il décrit comme des décennies de déséquilibres dans les échanges internationaux : « Ce n’est plus acceptable que les États-Unis soient traités comme le guichet automatique du monde », a-t-il déclaré sur Truth Social. Selon lui, cette mesure permettra de « rétablir la justice commerciale » et d’encourager la relocalisation industrielle.
Les conséquences ne se sont pas fait attendre : les marchés asiatiques ont immédiatement fléchi, Tokyo et Séoul en tête, tandis que les places européennes enregistraient un net repli. Les analystes de Bloomberg Economics estiment que si les menaces tarifaires sont pleinement mises en œuvre, le taux moyen des droits de douane sur les importations américaines passerait de 3 % à près de 20 %, un niveau sans précédent depuis les années 1930.
Certains accords ont néanmoins déjà été conclus, notamment avec le Royaume-Uni et le Vietnam. Ce dernier a accepté un tarif de 20 % sur ses exportations directes, et 40 % sur les produits considérés comme transbordés depuis des pays tiers – une manœuvre souvent imputée à la Chine, visée indirectement. Pékin, justement, a obtenu une trêve temporaire, fruit d’un intense ballet diplomatique entre Washington et les autorités chinoises.
Mais la volonté de Trump va au-delà des chiffres : le président affiche sa préférence pour l’unilatéralisme, se déclarant lassé de la lenteur des négociations multilatérales. « Envoyer une lettre avec les nouveaux tarifs est plus rapide que discuter pendant un an », a-t-il lancé lors d’un point presse improvisé à Mar-a-Lago.
Pour les économistes, les enjeux sont colossaux : à court terme, cette politique pourrait raviver les tensions inflationnistes, affecter la consommation et peser sur les chaînes d’approvisionnement. À long terme, elle pourrait également redessiner les alliances géopolitiques, pousser certains partenaires vers d'autres pôles économiques (comme les BRICS ou l’Union européenne) et affaiblir la crédibilité des États-Unis en matière de libre-échange.
Alors que les entreprises américaines redoutent déjà une hausse du coût de leurs intrants et que les consommateurs pourraient en faire les frais dès la rentrée, l’administration Trump assume : le retour à un protectionnisme assumé serait, selon elle, un mal nécessaire pour rééquilibrer le commerce mondial.
L’été 2025 s’annonce donc brûlant sur le front commercial. Reste à savoir si le reste du monde choisira la négociation… ou la riposte.
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