Le président Donald Trump a officialisé, le 4 juillet, un budget fédéral aux proportions historiques, favorisant la défense et la sécurité des frontières au détriment des aides sociales et des énergies renouvelables. Un choix politique à haut risque qui alarme économistes et observateurs internationaux.
Lors d’une cérémonie hautement symbolique à la Maison Blanche, marquée par le survol d’un bombardier militaire et de chasseurs utilisés récemment en Iran, Donald Trump a promulgué ce qu’il a lui-même qualifié de « grande et belle » loi budgétaire. Adopté la veille par la Chambre des représentants, ce texte reflète une vision ultranationaliste de l’Amérique, mettant l’accent sur la force militaire, le contrôle des frontières et le retour à une économie fondée sur les industries traditionnelles.
Parmi les mesures phares du texte figure la prolongation des allègements fiscaux adoptés lors du premier mandat de Trump en 2018. En parallèle, les déductions fiscales pour les pourboires et heures supplémentaires seront restreintes, affectant directement les revenus des travailleurs à faibles revenus. Mais c’est surtout l’explosion des dépenses militaires, chiffrées à 350 milliards de dollars, qui attire l’attention. La loi alloue 46,5 milliards de dollars à la poursuite de la construction du mur frontalier avec le Mexique, 45 milliards pour de nouveaux centres de détention pour migrants, et 25 milliards pour la création d’un système de défense aérienne surnommé le “Dôme d’or”.
En contrepartie, les programmes sociaux sont violemment amputés. Medicaid, l’aide alimentaire (SNAP) et les subventions aux énergies vertes sont les grandes victimes de ce réalignement budgétaire. Selon le Bureau du budget du Congrès (CBO), près de 12 millions d’Américains pourraient perdre leur couverture santé d’ici 2034, tandis que 3 millions pourraient perdre leurs allocations alimentaires.
Les conséquences économiques à long terme sont tout aussi inquiétantes. Le CBO prévoit que la dette publique pourrait grimper de 3 300 milliards de dollars d’ici dix ans, aggravée par une perte de recettes fiscales de 4 500 milliards contre seulement 1 200 milliards d’économies budgétaires. Une clause du texte relève même le plafond de la dette de 5 000 milliards, ouvrant la voie à de nouveaux emprunts massifs.
Ce budget a aussi ravivé les tensions entre Donald Trump et Elon Musk, ancien chef du DOGE (Département de l'efficacité gouvernementale) et principal mécène de sa campagne. Opposé à ce plan jugé « destructeur », le patron de Tesla a menacé de fonder son propre « Parti américain » si la loi était adoptée. En représailles, Trump a laissé entendre qu’il pourrait couper les subventions fédérales à SpaceX, Tesla, et aux lancements spatiaux, tout en évoquant « l’expulsion éventuelle » de Musk — une menace symbolique puisque ce dernier est citoyen américain.
Ce budget, véritable manifeste idéologique, creuse un fossé entre les priorités du gouvernement et les besoins sociaux. En faisant le pari de la puissance militaire contre les garanties sociales, Donald Trump ouvre la voie à un mandat potentiellement explosif sur le plan économique et humain.
Laisser un commentaire