Le président Donald Trump évoque un assouplissement de sa politique migratoire, envisageant une régularisation temporaire pour les travailleurs sans-papiers dans les secteurs en pénurie de main-d’œuvre.



Dans un virage inattendu de sa ligne dure sur l'immigration, le président Donald Trump a laissé entendre ce week-end qu’il pourrait soutenir l’octroi de laissez-passer temporaires aux immigrés en situation irrégulière travaillant dans des secteurs clés tels que l’agriculture et l’hôtellerie-restauration.

« Là où les gens paient des impôts, où les fermiers peuvent avoir un peu plus de contrôle », a déclaré Trump, suggérant que les employeurs pourraient jouer un rôle central dans l’octroi de ce statut temporaire. Une déclaration surprenante de la part d’un président qui se présente comme le « plus ferme sur l’immigration » tout en se proclamant « le président des agriculteurs ».

Cette ouverture stratégique intervient alors que les pressions économiques et politiques s’intensifient sur la Maison-Blanche. Plusieurs dirigeants d’entreprises et élus alertent sur les conséquences potentiellement désastreuses des expulsions massives annoncées, notamment dans des industries déjà en pénurie chronique de main-d’œuvre.

Rita McGrath, professeure à la Columbia Business School, souligne que certains secteurs dépendent largement du travail des sans-papiers : « L’agriculture ou l’hôtellerie comptent parfois jusqu’à 25 % de travailleurs sans statut légal. Les entreprises ont besoin de stabilité. Elles ne peuvent pas fonctionner dans un climat d’incertitude. »

Au Congrès, des voix s’élèvent pour institutionnaliser un cadre légal temporaire. Le représentant Vicente Gonzalez (D-Texas) plaide pour un programme permettant aux petites entreprises de parrainer des travailleurs migrants, leur garantissant un statut légal renouvelable chaque année, à l’abri des expulsions.

« Les emplois les plus difficiles d’Amérique sont assurés par des immigrés. Il est temps d’ouvrir les yeux », martèle Gonzalez, ajoutant que son plan reçoit un intérêt croissant, même chez les républicains, à mesure que les réalités économiques prennent le pas sur les discours électoraux.

Alors que l’administration Trump pèse ses options, des milliers d’employeurs, de familles immigrées et de communautés rurales restent dans l’attente de directives claires. Pour eux, cette proposition pourrait représenter un répit temporaire, ou un tournant majeur dans le débat migratoire américain.

Cette nouvelle dynamique intervient dans un contexte tendu où l’équilibre entre sécurité des frontières et pragmatisme économique devient un enjeu central de la campagne présidentielle. Si le plan se concrétise, il pourrait marquer une réorientation significative de la politique migratoire républicaine, longtemps dominée par une logique de tolérance zéro.