À moins d’un an de l’expiration du traité New Start, Donald Trump se positionne en sauveur du dernier accord nucléaire bilatéral entre les États-Unis et la Russie. Objectif : éviter une nouvelle course aux armements, malgré une méfiance persistante entre Washington et Moscou.
En visite en Écosse ce 25 juillet 2025, Donald Trump a surpris en annonçant son intention de relancer les négociations nucléaires avec la Russie. L’ancien président, redevenu figure dominante du Parti républicain, veut prolonger ou réinventer le traité New Start, cet accord crucial signé en 2010 entre Barack Obama et Dmitri Medvedev, qui limite les arsenaux stratégiques des deux puissances nucléaires à 1 550 ogives et 700 lanceurs.
La date d’expiration du traité est fixée au 5 février 2026. Prolongé une seule fois en 2021, il ne peut pas l’être à nouveau sans renégociation. Pour Trump, laisser s’effondrer cet accord serait une « grave erreur ». Il souhaite même inclure d’autres puissances nucléaires, comme la Chine, dans une nouvelle architecture globale de contrôle des armements. « J’aimerais voir un accord élargi. Les États-Unis respectent des limites, les autres doivent le faire aussi », a-t-il déclaré.
Du côté de Moscou, la réponse est prudente. Depuis février 2023, la Russie a suspendu sa participation au traité, dénonçant les sanctions occidentales et le soutien militaire de l’OTAN à l’Ukraine. Le Kremlin, par la voix de Dmitri Peskov, se dit ouvert à une reprise du dialogue, mais exige des garanties de respect mutuel et la fin des « pressions unilatérales » américaines. Le climat reste glacial depuis la fin des inspections mutuelles en 2023 et la suspension des échanges de données.
Pour les experts en désarmement, le temps presse. Sans accord de transition, les deux pays pourraient se retrouver sans cadre juridique pour contrôler leurs arsenaux pour la première fois depuis les années 1980. L’Association pour le contrôle des armements, basée à Washington, met en garde : une absence de traité ouvrirait la porte à une expansion nucléaire incontrôlée, dans un contexte géopolitique déjà sous tension.
À l’ONU, certains diplomates évoquent la possibilité d’un engagement informel à respecter les plafonds actuels, en attendant une relance officielle du dialogue. Mais pour cela, encore faut-il un minimum de volonté politique. C’est précisément ce que Donald Trump semble vouloir démontrer, en se présentant comme le candidat capable de rouvrir les canaux diplomatiques, malgré ses positions antérieures sur le désengagement stratégique.
Cette initiative soulève toutefois de nombreuses interrogations. La Russie acceptera-t-elle de revenir à la table des négociations sans concessions sur le front ukrainien ? Trump peut-il convaincre ses propres alliés au Congrès d’adhérer à une démarche de coopération avec le Kremlin ? Et surtout, la Chine acceptera-t-elle de se joindre à un accord multilatéral sur les armes nucléaires, alors qu’elle continue de moderniser son arsenal en toute discrétion ?
Une chose est sûre : à moins d’un tournant rapide, le monde pourrait entrer dans une nouvelle ère d’incertitude nucléaire.
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