Alors que le président Félix Tshisekedi s’apprête à signer à Washington un partenariat stratégique historique avec les États-Unis, les interrogations sur la souveraineté, la transparence et les implications géopolitiques de cet « accord du siècle » se multiplient.



Le 1er mai 2025, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, sera reçu à Washington pour finaliser un partenariat stratégique majeur entre la RDC et les États-Unis. Cet accord, salué comme « l’accord du siècle » par le Département d’État américain chargé des affaires africaines, marque un tournant décisif dans les relations bilatérales. Il prévoit l’exploitation des immenses ressources minières congolaises en échange d’une implication américaine dans la stabilisation de l’Est du pays, région en proie à des conflits armés récurrents. À cela s’ajoute une promesse d’investissements colossaux dans les infrastructures congolaises, estimés à près de 500 milliards de dollars sur quinze ans.

Ce partenariat stratégique, sans précédent depuis les années de la guerre froide, est présenté comme une opportunité de développement pour la RDC et un levier de stabilité régionale. Washington voit dans cette coopération une chance de contrebalancer l’influence grandissante de la Chine dans le secteur minier africain, notamment en ce qui concerne les métaux rares indispensables à la transition énergétique mondiale. Du côté de Kinshasa, le régime Tshisekedi y voit une consécration diplomatique, renforçant son autorité à l’intérieur du pays et sur la scène internationale.

Mais derrière les applaudissements officiels, plusieurs voix s’élèvent. L’opposition politique congolaise et les organisations de la société civile appellent à la prudence. Elles craignent que ce partenariat ne devienne un outil de consolidation du pouvoir présidentiel, au détriment des intérêts de la population congolaise. Nombreux sont ceux qui dénoncent l’opacité des négociations, l’absence de débat parlementaire, et le risque de voir les ressources stratégiques du pays bradées à des puissances étrangères.

La dimension sécuritaire de l’accord soulève également des inquiétudes. Les promesses américaines de stabilisation de l’Est de la RDC, zone disputée et minée par les groupes armés, posent la question d’un possible engagement militaire ou d’une ingérence prolongée. La récente déclaration de principes signée entre la RDC et le Rwanda, sous la médiation des États-Unis, ajoute une couche de complexité à une situation déjà explosive. Ce rapprochement avec Kigali, considéré par certains comme complice de l’instabilité dans l’Est congolais, alimente les suspicions.

Il faut aussi replacer cette initiative dans un contexte plus large : celui du retour d’une diplomatie offensive américaine en Afrique. L’administration Trump, malgré son départ du pouvoir, continue d’influencer les rapports entre les États-Unis et les régimes africains. Loin d’être un simple geste de coopération, cet accord avec la RDC pourrait redessiner les équilibres stratégiques dans la région des Grands Lacs et au-delà.

Alors que Félix Tshisekedi s’apprête à parapher ce pacte à Washington, l’histoire jugera si cet accord aura été un acte fondateur pour le développement souverain du Congo, ou le début d’un nouveau cycle de dépendance géopolitique et d’exploitation. L’avenir de la RDC ne peut être scellé à huis clos. Il appartient aux Congolais d’en exiger la transparence, la justice et la responsabilité.

Source : Media Congo