Dans une décision historique rendue le 1er août 2025, la juge Jia M. Cobb du tribunal de district de Columbia met un frein à la stratégie controversée du gouvernement américain visant à déporter rapidement des centaines de milliers de migrants sans audience complète.



C’est un coup dur pour l’administration Trump et sa politique migratoire dure. Vendredi 1er août, la juge fédérale Jia M. Cobb a suspendu l’utilisation élargie de la procédure d’expulsion accélérée – connue sous le nom d’« expedited removal » – dans le district de Columbia, freinant ainsi une des méthodes clés employées par les agents de l’immigration pour interpeller puis expulser des migrants en situation irrégulière.

Cette décision fait suite à plusieurs plaintes de groupes de défense des droits des migrants, qui dénonçaient l’absence de garanties procédurales et les interpellations ciblées à la sortie des tribunaux, utilisées pour accélérer les renvois sans audience préalable devant un juge de l’immigration. Ces opérations, intensifiées depuis le retour de Trump à la Maison Blanche, visent en particulier des migrants venant témoigner ou comparaître dans d'autres affaires judiciaires.

La juge Cobb a souligné que cette pratique posait de « graves questions constitutionnelles », notamment en ce qui concerne le droit à un procès équitable et le droit à demander l’asile. Elle a précisé que la règle actuelle permettait aux agents de l’ICE d’arrêter et de déporter une personne uniquement sur la base de son apparence ou de son absence de papiers, sans vérification suffisante de son statut ou de ses craintes de persécution.

Cette décision constitue un véritable revers pour les autorités fédérales, qui utilisaient largement cette tactique pour renforcer les chiffres des expulsions. Selon des données obtenues par POLITICO et The Washington Post, des milliers de migrants ont été arrêtés dans ou à proximité de tribunaux civils à travers le pays depuis le début de l’année 2025.

La suspension de cette mesure s’applique dans un premier temps à la juridiction du district de Columbia, mais ouvre la voie à une contestation plus large à l’échelle nationale. Plusieurs experts juridiques estiment que cette ordonnance pourrait faire jurisprudence, notamment si elle est confirmée en appel.

Du côté des défenseurs des droits humains, la décision est saluée comme une victoire pour les libertés fondamentales et le respect de la procédure légale. « Nous assistons à une dérive autoritaire de l’usage du droit migratoire à des fins punitives, cette décision est une bouffée d’oxygène pour l’État de droit », a réagi un porte-parole de l’American Civil Liberties Union (ACLU).

Alors que la présidentielle de 2028 se profile à l’horizon, la politique migratoire reste un sujet explosif, divisant l’opinion publique et les camps politiques. Cette décision de justice pourrait bien influencer le débat à venir et forcer l’administration Trump à revoir certaines de ses priorités répressives en matière d’immigration.