Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, dénonce une hausse alarmante des violences sexistes dans les conflits armés, qualifiant cette recrudescence de “répudiation éhontée” des principes fondamentaux du droit international humanitaire.



GENÈVE — À l’occasion d’un point presse à Genève, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a dressé un constat glaçant sur la situation des femmes dans les zones de conflit : les violences sexuelles connaissent une recrudescence inquiétante, instrumentalisées comme arme de guerre, au mépris des conventions internationales.

« Nous sommes en train d’échouer collectivement à protéger les femmes et à garantir leur place dans les processus de paix », a affirmé Türk, rappelant que, malgré 25 ans d’engagements depuis la Résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU, les violences basées sur le genre ne cessent de croître.

Du Soudan à l’Ukraine, d’Haïti à la République Démocratique du Congo, en passant par le territoire palestinien occupé et Israël, des milliers de cas de violences sexuelles ont été recensés par le bureau du Haut-Commissariat. Les données font état de viols systématiques, d’actes de torture, de mutilations et d’agressions perpétrées contre des femmes et des filles, souvent avec l’objectif stratégique de terroriser les populations civiles ou de punir des communautés entières.

« Dans de nombreux conflits, les femmes sont réduites au silence, utilisées comme cible pour infliger une souffrance collective, et exclues des efforts de reconstruction », déplore Türk. Il insiste sur le fait que ces actes ne sont pas de simples “effets collatéraux” mais des méthodes de guerre délibérées.

La situation est aggravée par les coupes budgétaires drastiques dans l’aide humanitaire. Les ressources médicales, psychosociales et juridiques pour venir en aide aux survivantes se raréfient, laissant les victimes sans soutien, ni réparation, ni avenir.

Dans ce contexte, le Haut-Commissariat appelle à un sursaut des États membres, des bailleurs de fonds et des institutions internationales. L’ONU insiste sur la nécessité urgente d’investir dans la prévention, de garantir la poursuite des auteurs et de renforcer la participation des femmes aux processus de paix.

« Ne pas agir, c’est laisser faire. Ne pas protéger, c’est participer à la violence. Le silence, lui aussi, est une forme de complicité », conclut Volker Türk, en appelant la communauté internationale à respecter enfin les principes qu’elle proclame.