Avec près de 5 % de tous les bons du Trésor américain sous contrôle, Warren Buffett devance désormais la Réserve fédérale, renforçant son influence sur les marchés financiers mondiaux et confirmant sa stratégie ultra-prudente face à un climat économique incertain.



L'Oracle d’Omaha frappe encore. Warren Buffett, via son conglomérat Berkshire Hathaway, détient désormais 300,87 milliards de dollars en bons du Trésor américain, soit presque 5 % du marché total de la dette gouvernementale à court terme. Un chiffre impressionnant qui signifie concrètement que Buffett contrôle à lui seul 1 dollar sur 20 circulant dans l’économie américaine, dépassant même la Réserve fédérale, qui ne possède "que" 195 milliards de dollars en titres du Trésor.

Dans un contexte où les marchés boursiers dévissent et où des trillions de dollars de capitalisation boursière s’évaporent, Buffett privilégie la prudence. Plus de 90 % des 334 milliards de dollars de réserves de trésorerie de Berkshire sont aujourd'hui investis dans la dette gouvernementale à court terme, à des rendements moyens de 4,359 % en avril 2025. Résultat : aucune grande acquisition n’a été réalisée par Berkshire depuis plus de deux ans. Warren Buffett lui-même souligne que les valorisations actuelles restent "excessivement élevées" pour justifier des achats massifs d’actions ou d’entreprises.

Ce choix stratégique témoigne d'une lecture lucide et froide du climat financier actuel. Plutôt que de courir après des opportunités risquées, Buffett préfère attendre la "grosse opportunité", cette fenêtre rare où les actifs sont sous-évalués, permettant de réaliser des investissements colossaux à moindre coût. Une philosophie d’investissement patiente qui a bâti sa légende.

À noter que d'autres géants comme Apple renforcent aussi leur exposition aux bons du Trésor américain. Apple détient aujourd'hui 30 milliards de dollars en liquidités et équivalents, dont 15,5 milliards en bons du Trésor, bien que cela reste loin derrière la montagne de cash de Berkshire Hathaway.

La position de Warren Buffett résonne aujourd’hui comme un signal fort pour l’ensemble de la finance mondiale : l’incertitude prime, et seuls les actifs les plus sûrs trouvent grâce aux yeux des investisseurs aguerris. Alors que la Réserve fédérale temporise sur ses taux et que les risques systémiques s’accumulent, Buffett incarne la patience stratégique, prêt à frapper fort le moment venu.

Dans un marché imprévisible, Buffett rappelle une règle d’or : mieux vaut perdre une opportunité que perdre de l’argent.