L’administration Trump, par le biais de son ministère de la Justice, poursuit l’État du Kentucky pour une loi autorisant les migrants sans statut légal à bénéficier de frais de scolarité réduits. Une bataille judiciaire à forte portée symbolique et politique s’ouvre entre application stricte de l’immigration et droits éducatifs.



Le ministère de la Justice des États-Unis a déposé, mardi 17 juin 2025, une plainte contre une loi en vigueur dans l’État du Kentucky qui permet aux migrants en situation irrégulière de bénéficier des mêmes frais de scolarité universitaires que les résidents de l’État. Le gouvernement fédéral affirme que cette disposition viole les lois sur l’immigration et représente une injustice à l’encontre des citoyens américains.

« Aucun État ne peut accorder des avantages financiers à des immigrés illégaux que même ses propres citoyens ne reçoivent », a déclaré la procureure générale Pam Bondi dans un communiqué. Elle a souligné que cette démarche s’inscrit dans la continuité d’une victoire judiciaire au Texas, où un programme similaire a été suspendu par décision fédérale.

La plainte intervient dans un contexte de tension croissante autour des politiques migratoires de Donald Trump, qui a fait de la lutte contre l’immigration illégale un axe central de son second mandat. Sous son impulsion, les autorités cherchent à restreindre l’accès à certains services et bénéfices publics, y compris l’éducation, pour les migrants sans papiers.

Le paradoxe de cette offensive judiciaire, c’est qu’elle touche un État profondément républicain. Donald Trump a remporté le Kentucky avec plus de 30 points d’avance lors de la présidentielle de 2024, faisant de cet État l’un de ses bastions électoraux. Pourtant, la mesure contestée répond à des réalités économiques locales : selon l’Association des universités indépendantes du Kentucky, les établissements d’enseignement supérieur apportent environ 2 milliards de dollars par an à l’économie de l’État.

Les défenseurs de la loi critiquée affirment que permettre aux jeunes sans-papiers de poursuivre leurs études sans coûts prohibitifs favorise l’inclusion, le développement économique et la stabilité sociale. Mais pour l’administration Trump, ces politiques sont vues comme une incitation à l’immigration illégale.

Cette affaire s’ajoute à d'autres initiatives prises par la Maison-Blanche pour restreindre l'accès des migrants aux aides publiques, et pourrait créer un précédent pour d’autres États ayant des législations similaires. Elle met en lumière les tensions persistantes entre les États fédérés et le pouvoir central sur la question de l’immigration, dans une Amérique plus divisée que jamais sur la définition même de l’égalité d’accès aux opportunités.