Dans un tournant inédit du commerce international, Nvidia et AMD accepteront de reverser 15 % de leurs ventes de semi-conducteurs IA à la Chine directement au Trésor américain. Un deal à la croisée de la géopolitique, de l’innovation et de la fiscalité stratégique.



Le monde de la haute technologie vient d’assister à un accord qui fera date. Les géants américains des semi-conducteurs, Nvidia et AMD, au cœur de la rivalité Pékin–Washington, ont validé un dispositif par lequel 15 % de leurs revenus issus de la vente de puces IA en Chine seront perçus par le gouvernement des États-Unis. Selon des estimations relayées par le New York Times, cette « ponction stratégique » pourrait rapporter plus de 2 milliards de dollars par an à l’État américain.

Deux modèles sont concernés : la puce H20 de Nvidia et la MI308 d’AMD, récemment autorisées à l’export vers la Chine. Ce compromis offre aux entreprises la possibilité de conserver un pied sur l’un des marchés les plus dynamiques au monde, tout en permettant à Washington de garder un contrôle indirect sur la circulation de technologies jugées sensibles.

Derrière cette décision se profile une mécanique nouvelle : celle d’une « taxe technologique » qui pourrait devenir un outil géopolitique à part entière. En prélevant directement sur les flux commerciaux stratégiques, les États-Unis créent un précédent que d’autres secteurs critiques — batteries, énergie verte, cybersécurité — pourraient voir s’appliquer.

La dimension politique n’est pas en reste : Donald Trump a déjà menacé d’imposer 100 % de droits de douane sur les semi-conducteurs. Si cette posture protectionniste venait à s’appliquer, le compromis Nvidia-AMD pourrait apparaître rétrospectivement comme une étape intermédiaire, préfigurant un durcissement des règles du jeu.

Dans ce nouveau chapitre de la guerre technologique sino-américaine, la frontière entre politique commerciale et stratégie industrielle devient de plus en plus floue. Washington, par ce levier fiscal inédit, ne se contente plus de réguler : il s’invite désormais comme acteur direct dans la chaîne de valeur des semi-conducteurs.