Depuis Pékin, le président chinois Xi Jinping appelle l’Union européenne à « résister ensemble » face à l’escalade protectionniste des États-Unis, incarnée par la guerre commerciale lancée sous l’impulsion de Donald Trump. Entre enjeux géopolitiques et ambitions économiques, la Chine cherche à rallier l’UE contre une Amérique toujours plus isolée.
Dans un contexte de tensions commerciales croissantes, Pékin fait un pas stratégique en direction de l’Europe. Xi Jinping, président de la République populaire de Chine, a lancé un appel retentissant depuis la capitale chinoise : « Il n’y a pas de gagnant dans une guerre commerciale. Aller à l’encontre du monde ne mène qu’à l’isolement. » Ce message, clairement dirigé contre la politique économique protectionniste de l’administration Trump, vise à renforcer les liens sino-européens pour contrer ce que la Chine considère comme une dérive unilatérale dangereuse pour l’économie mondiale.
La déclaration du président chinois a été faite lors d’une rencontre officielle avec le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, un leader européen perçu comme plus conciliant envers Pékin que ses homologues d’Europe occidentale. À ses côtés, Xi Jinping a insisté sur la nécessité d’unir les forces pour défendre la mondialisation économique, affirmant que la Chine et l’Union européenne doivent « assumer leurs responsabilités internationales » et « s’opposer à toute coercition unilatérale ».
Ce discours intervient alors que l’administration américaine de Donald Trump continue de durcir le ton : droits de douane sur les produits chinois, sanctions technologiques, et menaces répétées de sanctions contre les partenaires économiques de Pékin. Pour la Chine, l’UE représente un contrepoids potentiel capable de désamorcer les ambitions hégémoniques de Washington, en favorisant un commerce multilatéral, ouvert et coopératif.
De son côté, l’Espagne cherche à tirer parti de cette dynamique en renforçant ses relations économiques avec la Chine, notamment dans des secteurs stratégiques comme les batteries, les énergies renouvelables et l’agroalimentaire. Ces domaines sont au cœur de la transition énergétique et numérique que veut mener Madrid, et la Chine, avec ses capacités industrielles massives et son appétit pour les partenariats technologiques, représente un partenaire de poids.
Cependant, cette volonté de rapprochement sino-européen n’est pas sans risques géopolitiques. Washington met déjà en garde les capitales européennes, avertissant que tout appui direct ou indirect à Pékin pourrait compromettre la cohésion du bloc occidental face à la confrontation économique mondiale en cours. Pour les États-Unis, toute stratégie européenne perçue comme un affaiblissement de l’axe transatlantique pourrait avoir des répercussions diplomatiques, économiques et militaires.
Dans ce jeu d’équilibres instables, l’Europe se retrouve à la croisée des chemins. Doit-elle suivre la ligne dure imposée par les États-Unis, ou s’ouvrir à un partenariat plus équilibré avec la Chine, au nom du multilatéralisme et de ses propres intérêts économiques ? La sortie de Xi Jinping n’est pas seulement un appel à l’unité ; c’est une manœuvre habile de diplomatie économique, destinée à fragiliser la stratégie de confrontation américaine, tout en repositionnant la Chine comme défenseur de l’ordre économique mondial.
Alors que la guerre commerciale lancée par Trump redéfinit les alliances économiques globales, cet appel de Pékin pourrait bien être le début d’un réalignement stratégique entre l’Est et l’Ouest, avec des conséquences majeures sur le commerce international, les chaînes de valeur mondiales, et le leadership économique de demain.
Laisser un commentaire